J'ai tué ses doudous ...

Des lecteurs proches et attentifs semblent regretter une certaine mise à distance dans ce blog, ainsi ne livrerais-je pas assez de détails "croustillants" et laisserais mes opinions "au placard" m'attachant aux détails ... Je dois reconnaître que la classification formelle de cet exercice n'est pas des plus simple même si je ne souhaite pas qu'il devienne un exercice de type "journal de bord", exercice abandonné depuis bien des années maintenant.

Sans dévoiler si facilement mes opinions, au demeurant changeantes comme toute opinion digne de ce nom, j'accepte cependant aujourd'hui de livrer un "détail croustillant" sur un évènement familial survenu cet été et que j'avais déjà mentionné sur un autre blogue en réponse facétieuse à une rubrique consacrée à la place du doudou dans le développement de l'enfant (ça décoiffe !).

L'ainé de mes garçons, âgé de 12 ans, s'est débarrassé depuis longtemps de son unique doudou après que son frère l'ait "noyé" dans la cuvette des toilettes et que les bactéries aient eu raison des règles d'hygiène les plus élémentaires. Épisode ancien mais néanmoins marquant de notre jeune histoire familiale.

Le second de deux ans son cadet (le 'doudou's killer' si vous suivez) trainait jusqu'au printemps dernier une quirielle de  doudous derrière lui, récupérés patiemment au fil des années. D'un commun accord avec son frère (le coup du doudou "noyé" lui étant manifestement resté au travers de la gorge), nous liquidâmes un après midi la pléthorique famille en peluche, profitant de l'absence du frère cadet. Les caches et recoins étaient nombreux et certains doudous "oubliés" refirent leur apparition bien après notre action commandée ...

Cris, déchirements, déchainement de violence au retour de "l'innocente" victime ? Pas du tout ! Le moment était sans doute propice, après avoir essuyé quelques larmes de crocodiles le voici rapidement adepte des ... tournois de poker !

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Et la suite des événements est des plus surprenante puisque mon fils a reporté ses passions sur ce jeux de carte et qu'il multiplie maintenant les prouesses parfois loin du cercle des activités familiales. Il développe apparemment des dons qui lui font gagner des parties serrées contre des adversaires beaucoup plus âgés et en apparence expérimentés que lui.

A titre d'exemple, alors que nous passions nos dernières vacances estivales dans un club qui organisait régulièrement des soirées Poker, plusieurs adultes ont tenu à m'informer de leur impuissance face à ce jeune champion. Je dois reconnaitre ici que les subtilités du jeu m'échappent en grande partie et ces déclarations m'ont d'autant plus surpris ! J'ai eu depuis la malheureuse idée de lui parler de la cité de Las Vegas et de ses casinos ouverts jour et nuit ... Jusque là il pensait que cette ville n'organisait que des combats de catch vus à la télé, ce qui éveillait déjà sa curiosité. Apparemment la perspective d'affronter les meilleurs joueurs de Poker le motive maintenant au plus haut point et il bien difficile de l'inciter à poursuivre ses cours d'élève de classe de CM2 !

Comme le faisait remarquer une lectrice du blog de Jean Charles cité plus haut en réponse à ma lettre, je risque de payer bien cher ce massacre de doudous avec la perspective que Las Vegas ne devienne notre univers impitoyââââble !

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Le temps est maintenant venu de proposer notre excursion philosophique du jour. Il s'agit d'un auteur dont je te laisse, Ô lecteur, découvrir l'identité au fil de mon commentaire à la suite du dessin reproduit ici avec l'autorisation de mon fils ainé ( la "victime" de l'agression initiale, celle par quoi tout commence )

                                       

Oui, bien sûr, cette passion risque d'être destructrice à moins que le Poker, comme tout jeu à ce stade de la vie, ne relève en définitive d'une passion joyeuse, augmentant de ce fait la puissance d'agir de mon fils et le libérant ainsi des servitudes humaines. En estimant bien entendu que ce désir naisse bien d'une joie purement enfantine et non d'un manque dont l'origine serait la perte de ses doudous, ce qui avouons le, risquerait avec le temps de faire le lit de passions tristes ouvrant les portes ni plus ni moins de L'ECOLE DU VICE (Argh !, toujours pas de nom d'auteur ?)

Il ne resterait plus alors qu'à espérer que la soumission à ses tuteurs (ici présent) et aux lois, jointe au bon usage de sa raison, ne  finissent par lui apprendre à réorienter l'objet de ses désirs, transformant in fine cette passion triste en passion joyeuse et accroissant par là même sa puissance à persévérer dans son être ( il s'agit bien sûr ici du "Conatus" dont l'hyperlien cher lecteur, va te permettre maintenant de retrouver rapidement son auteur).

Oui chère contemptrice du mal, Ô lectrice du blog de JC, l'idée du bien n'existe pas en tant que telle en ce bas monde et il est temps maintenant de pardonner à ta maman qui avait si insidieusement jeté tes doudous et par ce geste provoqué ton courroux (se référer au blog sus nommé pour connaitre cette triste histoire). En définitive, seule la connaissance des  motivations de ta mère et la compréhension des causes externes qui orientent ton jugement te permettront de dépasser ton ressentiment et ainsi de te libérer progressivement de cette tristesse qui asservit si visiblement ton âme depuis tant d'années... (amitiés)

Voilà, un mot encore pour dire qu'il ne s'agit pas ici d'une banale approche hédoniste, de type de celle de Philippe Delerm et de sa désormais célèbre "gorgée de bière", ni d'une analyse pseudo freudienne qui ne ferait que confirmer cette lectrice dans son comportement proprement "hystérique", mais bien d'une PHILOSOPHIE DE LA PUISSANCE, qui trois siècles avant Nietzsche et avec bien plus d'humanité, nous propose une Éthique à la hauteur de la seule vie que nous ne vivrons jamais.

Bien à toi, Baruch SPINOZA.

                                          

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Comments

[JC]

Oh Maitre, je vois que la philosophie du Doudou, développe chez toi une passion joyeuse, animée par un conatus blogueur, et qui s'y frotte s'y pique!

[GérardB]

bravo sur votre rubrique concernant la philosophie "pratique", votre exemple vécu met bien en perspective la philosophie de Spinoza. C'est en effet une philosophie totale qui change des "petits plaisirs" glanés au mépris de la liberté et bien souvent du respect de soi.
Bien à vous

Gérard Benssevitch

[Olivier]

Je suis sensible à ton point de vue, mais très étonné par l'heure matinale à laquelle tu te connecte à internet ! Bon je ne dirai rien à ton chef, ayant moi même composé la plus grande partie des "doudous" au boulot !! (mais tu ne travailles pas pour EDF toi !)
Je transmets à maître Dom, bises,
Olivier

[Thierry]

Bonjour Olivier

Je te félicite pour ton Blog c'est fait tout en finesse et legereté tout en étant très complet et instructif
Bravo aussi a Maitre Dom pour sa participation