Winston Churchill, Yukio Mishima, Marilyn Monroe, George VI et Moi
Quel point commun entre ces personnages si disparates au premier abord ?
L'acheminement douloureux des sons vers la parole, autrement dit les "troubles" du bégaiement.
Pour George VI et Winston Churchill, il suffit pour s'en convaincre de regarder le très émouvant film de Tom Hopper "Le discours d'un roi" sortit en salle ces derniers jours. C'est bien d'une guerre dont il s'agit mais d'une guerre contre soi même, et c'est un nouvel éclairage qui est jeté ici sur le conflit mondial, particulièrement à la lumière du rôle capitale joué par l'Angleterre dans la victoire des alliés.
Marilyn Monroe elle n'arrivait pas à prononcer les mots commençant par le son "m" (tout un programme), le Moumoupidou devint le Poupoupidou ! Et l'on pourrait également citer les noms de Bruce Willis, Julia Roberts et beaucoup d'autres ... c'est souvent en jouant des pièces de théâtre que les futurs acteurs soignaient leurs troubles du langage.
Yukio Mishima, écrivain japonais du siècle dernier, décrit dans son roman "le pavillon d'or" la fascination d'un jeune moine bègue pour un temple bouddhiste qu'il détruira par le feu. Je ne sais s'il était atteint lui même de bégaiement. Voici la description qu'il donne de cette infirmité :
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"Il va sans dire que cette infirmité dressait un obstacle entre moi et le monde extérieur. C'est le premier son qui a du mal à sortir ; il est, en quelque sorte, la clé de la porte qui sépare mon univers intérieur du monde extérieur ; mais jamais il ne m'est arrivé de sentir tourner cette clé sans effort.
Les gens, en général, manient les mots à leur gré ; ils peuvent, cette porte de séparation, la laisser grande ouverte et ménager ainsi une constante circulation d'air entre les deux mondes. Mais à moi, cela était absolument interdit : la clef était rouillée, irrémédiablement rouillée.
Le bègue, dans ses efforts désespérés pour proférer le premier son, est comme un oiseau qui se débat pour se dégager d'une glu tenace (sa glu, à lui, c'est son univers intérieur) ; et quand enfin il s'en dégage, c'est toujours trop tard..." *
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Et moi ? J'adresse un salut amical à Yvan Impoco et son Institut International contre le Bégaiement qui fait grand bruit médiatique chaque fois que des caméras sont invitées à participer à l'un de ses stages. Cela fait 20 ans maintenant mais j'ai depuis trouvé en moi même les ressources d'enseigner puis d'animer des réunions de travail ... c'était une première marche.
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* "Le pavillon d'or" de Yukio Mishima - extrait du 1er chapitre
Les dessins sont de mon fils ainé inspiré de personnages de Jérôme Bosch. Se reporter à l'album photo "Les Apparences Trompeuses de Monsieur Descartes" sur le panneau de droite pour l'ensemble des portraits.